Le clergé catholique du Cameroun, jusqu’alors largement éloigné de la politique, a récemment pris une position ferme contre le président Paul Biya et sa volonté de briguer un nouveau mandat à la présidentielle de 2025. Cette prise de position, venue de certains hauts dignitaires de l’Église, s’est amplifiée au cours des célébrations de fin d’année, marquées par des critiques virulentes du régime en place depuis 42 ans.
Monseigneur Samuel Kléda, archevêque de Douala et ancien président de la Conférence nationale épiscopale, a été le premier à lancer l’offensive en décembre 2024. Évoquant l’âge avancé de Paul Biya, âgé de 92 ans, il a estimé que sa candidature à un nouveau mandat de sept ans serait irréaliste. Il a souligné avec gravité : « Nous sommes des êtres humains. À un moment donné, nous quittons ce monde. Nous ne pouvons pas faire de miracle. »
D’autres figures emblématiques de l’Église ont également exprimé leur désaccord. Dans son homélie du Nouvel An, Monseigneur Yaouda Hourgo, évêque de Yagoua, dans le nord du pays, a fustigé la gestion du pays sous Biya, qualifiant le bilan du président de « souffrance » et d’« injustice ». Il a ajouté avec une colère évidente : « On a déjà souffert, on ne va pas souffrir plus que ça ; le pire ne viendra pas. »
Une prise de position inédite du clergé catholique
La critique ouverte de certains membres du clergé contre le régime de Paul Biya est sans précédent. Bien qu’auparavant, le cardinal Christian Tumi, ancien archevêque de Douala, ait exprimé des réserves sur certaines politiques du gouvernement, il est rare qu’une partie aussi large du clergé se soit unie pour critiquer aussi sévèrement la gouvernance du président et sa candidature à un nouveau mandat. Selon plusieurs observateurs, cette position publique ne se serait pas manifestée sans un certain accord tacite de la hiérarchie de l’Église catholique, y compris du Vatican.
Les déclarations du Président Biya
Pendant ce temps, le président Paul Biya, dans ses vœux de Nouvel An le 31 décembre 2024, a affirmé sa volonté de continuer à servir le peuple camerounais. « Ma détermination à vous servir demeure intacte et se renforce au quotidien, face à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il déclaré, mettant ainsi fin au suspense sur sa candidature.
Cependant, cette déclaration relance les interrogations sur la capacité d’un homme âgé de 92 ans à mener le pays pendant un nouveau mandat de sept ans.