Mozambique : l’opposant Venancio Mondlane prêt à rejoindre le Gouvernement du Président Chapo sous conditions

En réaction à la crise politique actuelle, Venancio Mondlane, principal opposant politique au Mozambique, a exprimé son désir de rejoindre le gouvernement si certaines conditions sont remplies par le Président Daniel Chapo.

Dans des entretiens accordés à la BBC, Mondlane et Chapo ont évoqué la possibilité de travailler ensemble pour apaiser les tensions. Mondlane conteste toujours sa défaite aux élections d’octobre et accuse Chapo d’avoir manipulé les résultats, une accusation rejetée fermement par ce dernier.

Chapo, du Frelimo, le parti au pouvoir, a officiellement pris ses fonctions le 15 janvier, une semaine après que Mondlane ait procédé à sa propre investiture. Malgré un climat tendu, Mondlane a décidé de suspendre les manifestations durant les 100 premiers jours du mandat de Chapo, sous réserve de certaines conditions : la libération des près de 5 000 personnes emprisonnées pour avoir protesté contre les résultats électoraux, des compensations pour les familles des victimes tuées par la police lors des manifestations, ainsi que des soins médicaux gratuits pour les 200 blessés.

Mondlane a précisé que si ces demandes étaient satisfaites, cela ouvrirait la voie à des négociations. Il s’est aussi dit prêt à intégrer le gouvernement de Chapo si celui-ci manifeste un réel intérêt pour une collaboration. « Oui, s’il veut vraiment travailler avec moi. Il a la possibilité de m’inviter à la table des discussions », a-t-il affirmé.

De son côté, Chapo a formé un groupe de travail pour évaluer l’opportunité d’intégrer Mondlane dans un futur gouvernement « inclusif ». Cette initiative survient après plusieurs mois de violences, qui ont fait environ 300 morts. Toutefois, les analystes estiment que cette évolution pourrait représenter une chance de mener une approche plus collaborative, bien que la crise du pays dépasse largement les troubles électoraux.

L’analyste politique Donald Porusingazi remarque que les troubles actuels ne sont que la partie visible d’un problème plus vaste. Selon lui, la stabilité du pays ne pourra être atteinte qu’en abordant des questions fondamentales telles que la mauvaise gestion économique et la corruption. « Les violences récentes ne sont que la surface de problèmes beaucoup plus profonds, notamment la corruption systémique et la gestion économique défaillante », explique-t-il. Il cite également la montée du djihadisme dans le nord du pays et les troubles liés aux élections municipales de 2023.

Le Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, perd progressivement son soutien populaire en raison de scandales de corruption, dont le fameux scandale des « dettes cachées » de 2 milliards de dollars, qui a gravement affecté l’économie et diminué les investissements étrangers.

Malgré des ressources en gaz naturel parmi les plus importantes au monde, le Mozambique demeure l’un des pays les moins développés, avec un indice de développement humain classé parmi les plus bas. Cette situation génère un mécontentement grandissant, en particulier chez les jeunes urbains, qui soutiennent massivement Mondlane et appellent à une gouvernance plus responsable et plus démocratique.

Il reste à voir si Chapo et Mondlane, forts de leurs soutiens respectifs, parviendront à mettre en place un gouvernement inclusif capable de répondre aux défis politiques et socio-économiques du pays.

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