Le 12 décembre 2024, un projet de loi visant à reconnaître l’indépendance du Somaliland a été présenté à la Chambre des représentants des États-Unis. Cette initiative a rapidement été envoyée à la Commission des affaires étrangères, avec des Républicains suggérant que l’idée d’un Somaliland souverain mérite d’être explorée en raison des nouveaux intérêts des États-Unis en Afrique de l’Est.
Depuis sa déclaration d’indépendance en 1991, le Somaliland reste largement ignoré par la communauté internationale, qui le considère toujours comme une région de la Somalie. La Somalie, affaiblie par des décennies de guerre civile et par l’insurrection d’Al-Shabab, peine à maintenir son autorité sur son territoire.
Après 33 ans d’isolement diplomatique, le Somaliland pourrait enfin voir ses aspirations reconnues par les grandes puissances. Les États-Unis pourraient devenir les premiers à reconnaître officiellement son indépendance.
Des Républicains proches de Donald Trump examinent actuellement un projet de loi soutenant la reconnaissance du Somaliland en tant qu’État indépendant. Ce projet s’intègre dans le cadre du programme électoral de Trump, « Mandate for Leadership, the conservative promise », qui préconise une politique plus affirmée pour contrer les menaces aux intérêts américains, notamment face à l’influence croissante de la Chine et de la Russie en Afrique.
Le projet critique la gestion de l’administration Biden face à l’expansion de la Chine et soutient que le Somaliland pourrait offrir une alternative stratégique à Djibouti, un allié traditionnel des États-Unis, mais de plus en plus proche de Pékin. Grâce à son littoral de 740 km, le Somaliland pourrait devenir un point stratégique essentiel pour protéger les routes maritimes et contrer les pirates yéménites tout en s’opposant à l’influence de la Chine.
Le Somaliland partage une situation similaire à celle de Taïwan, ayant proclamé son indépendance à la suite de conflits internes alors que les autorités centrales à Mogadiscio et Pékin étaient affaiblies. Les relations officielles établies avec Taïwan en 2020 ont marqué un tournant, et une reconnaissance de la part de Washington pourrait redéfinir la position américaine sur ce territoire.
Avec plus de 6 millions d’habitants et une superficie de 176 120 km², le Somaliland possède des structures étatiques solides, dont une monnaie nationale, un président élu et un PIB estimé à 3,78 milliards de dollars en 2022. Sa stabilité et son modèle démocratique en font un candidat sérieux à la reconnaissance internationale selon certains sénateurs Républicains.
La plus forte indication d’un soutien potentiel est la possible nomination de Dr. Peter Pham à un poste clé des affaires africaines dans une administration Trump. Pham, défenseur de longue date de la souveraineté du Somaliland, critique la Somalie qu’il qualifie d’« État en faillite ».
Cependant, Mogadiscio s’oppose fermement à toute reconnaissance du Somaliland, la qualifiant de « ligne rouge non négociable ». Le ministre somalien des Affaires étrangères a averti qu’une telle décision remettrait en cause l’intégrité territoriale de la Somalie et pourrait avoir des conséquences néfastes pour d’autres mouvements séparatistes en Afrique.
Le débat reste intense à l’approche de l’entrée en fonction de Trump. Alors que le Somaliland espère voir ses ambitions reconnues, la Somalie redoute une nouvelle vague d’instabilité dans une région déjà fragile.