Hier, 11 janvier 2025 marque le 81e anniversaire de la présentation du Manifeste de l’Indépendance, un document fondateur qui a métamorphosé la résistance marocaine, passant d’un simple désir de réformes à une revendication claire de souveraineté nationale.
L’histoire est bien plus qu’une succession de dates ; elle est façonnée par des événements déterminants. Ce 81e anniversaire du Manifeste de l’Indépendance, proclamé en 1944, est l’occasion de revenir sur un moment crucial de la lutte pour la liberté et la souveraineté du Maroc. Ce manifeste, rédigé dans le contexte tendu de la Seconde Guerre mondiale, a secoué les bases du système colonial et a uni le peuple marocain autour d’un objectif commun : l’indépendance.
Le 11 janvier 1944, le Maroc se trouvait divisé par les protectorats français et espagnols et l’administration internationale de Tanger. Malgré cette domination, un mouvement nationaliste déterminé, mené par le Sultan Mohammed V et des intellectuels engagés, avait déjà commencé à élaborer une vision audacieuse de l’indépendance.
Les prémices de cette révolution remontent aux années 1930, avec des révoltes contre des politiques coloniales discriminatoires telles que le « décret berbère » de 1930. À partir de 1934, des demandes de réformes et des actions du Bloc d’action nationale ont pavé la voie à une résistance plus structurée.
La Seconde Guerre mondiale s’est présentée comme une occasion de redéfinir les ambitions du Maroc. La Charte de l’Atlantique, signée en 1941, prônait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce qui a permis à Mohammed V de positionner le Maroc comme un allié stratégique dans la lutte contre le nazisme. Lors de la conférence d’Anfa en 1943, il a directement interpellé Roosevelt et Churchill, arguant que la lutte pour la liberté mondiale devait inclure celle pour l’indépendance marocaine.
Le Manifeste, rédigé dans le plus grand secret, n’était pas seulement un acte politique mais également un appel à la mobilisation. Il a été déposé auprès des autorités françaises et des grandes puissances étrangères, exigeant l’indépendance sous la direction de Mohammed Ben Youssef (Sidi Mohammed V) et la mise en place d’un système politique consultatif inspiré des modèles arabes et islamiques. Le texte a été diffusé dans les mosquées, les souks et les places publiques, provoquant un mouvement populaire de soutien massif.
La réaction des autorités françaises a été immédiate et sévère. Dès janvier 1944, plusieurs leaders nationalistes ont été arrêtés ou exilés, et des manifestations populaires ont secoué le pays. La lutte s’intensifia, culminant avec l’exil de Mohammed V en 1953, ce qui n’a fait qu’accroître la résistance. Ce n’est qu’en 1955, avec le retour du roi, que des négociations ont abouti à l’indépendance officielle du Maroc le 2 mars 1956.
Aujourd’hui, plus de huit décennies après, l’héritage du Manifeste continue d’influencer le Maroc. Sous le règne de Mohammed VI, le pays a renforcé son identité nationale et son rôle régional, notamment par la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental. Le Maroc continue de défendre son intégrité territoriale, comme en témoigne l’ouverture de 29 consulats dans les provinces du sud.
Ce document historique, qui a provoqué un soulèvement populaire en 1944, reste une source d’inspiration pour la direction actuelle du Maroc, continuant d’éclairer ses aspirations internationales et son chemin vers un avenir de prospérité.