Les ministres du Gouvernement de François Bayrou ont officiellement pris leurs fonctions le mardi 24 décembre, juste avant Noël, lors de passations de pouvoir visant à préciser la feuille de route du Premier ministre, confiant dans sa capacité à éviter la censure.
« Je suis persuadé que l’action que je définis avec l’équipe gouvernementale permettra d’éviter la censure », a déclaré François Bayrou, le 23 décembre, sur BFMTV, quelques heures après la présentation de son gouvernement.
Parmi les ministres les plus scrutés figurent les anciens Premiers ministres Élisabeth Borne, nommée à l’Éducation, et Manuel Valls, aux Outre-mer, ainsi que Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.
À Bercy, Eric Lombard, le nouveau ministre de l’Économie, a pris ses fonctions dès le 23 décembre, en remplacement d’Antoine Armand. L’ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations, décrit par François Bayrou comme un homme de gauche, a immédiatement souligné l’importance de « traiter notre mal endémique, le déficit », qui constitue l’un des premiers défis du gouvernement. En effet, l’équipe de Bayrou devra faire adopter un budget pour 2025 par l’Assemblée nationale, après la chute de son prédécesseur, Michel Barnier, qui a été renversé par une motion de censure le 4 décembre.
Le Premier ministre espère que la présence de poids lourds dans son gouvernement contribuera à le protéger contre les risques de censure, même s’il n’a pas pu élargir davantage son équipe vers la gauche. François Bayrou a indiqué, le 23 décembre, qu’il ne demanderait pas la confiance à l’Assemblée nationale, mais qu’une « sortie de vote de confiance » pourrait être envisagée à la suite de sa déclaration de politique générale, prévue pour le 14 janvier. Cette déclaration pourrait déclencher une nouvelle motion de censure, mais François Bayrou a exprimé son respect pour ceux qui ne souhaitent pas être associés à la politique du gouvernement.
La France insoumise (LFI) a d’ores et déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure, tandis que le Rassemblement national, groupe le plus important à l’Assemblée, a précisé qu’il ne censurerait pas le nouveau gouvernement, sauf circonstances exceptionnelles.
Les oppositions ont vivement critiqué le gouvernement, l’accusant de recycler des personnalités politiques échouées. Olivier Faure, leader du Parti socialiste, a qualifié ce gouvernement de « droite extrême » et de « provocation ». Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, a pour sa part dénoncé une équipe « remplie de gens désavoués dans les urnes ». Du côté du Rassemblement national, Jordan Bardella a ironisé en déclarant que « heureusement que le ridicule ne tue pas », affirmant que François Bayrou avait constitué « la coalition de l’échec ».
Les Républicains (LR), qui restent au gouvernement, ont exprimé un soutien « très exigeant » à François Bayrou, précisant que ce soutien pourrait être « retiré » en fonction de la direction prise par le gouvernement.
Le gouvernement Bayrou, composé de 35 ministres, est moins nombreux que celui de Michel Barnier (42 membres) mais plus large que prévu. Il est marqué par une certaine parité, avec 18 femmes et 17 hommes, et une continuité notable, puisque 19 ministres sont reconduits dans leurs fonctions.
François Bayrou a exprimé sa « fierté » d’avoir constitué un « collectif d’expérience » destiné à « réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français », dix jours après son arrivée à Matignon et en respectant son engagement de former un gouvernement avant Noël.
Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle équipe est prévu pour le 3 janvier, en présence du président Emmanuel Macron.
